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19 jours...de l'intérieur


Jeudi 21 mai 2015

Après 5 mois de vadrouille dans les Antilles pour les uns ou sur le continent sud-américain pour un autre, tout le monde s’est retrouvé à St Martin au nord-est des Caraïbes en vue du ‘grand’ retour. C’est que la transat retour est un sacré défi : 1.5 fois plus longue que la transat aller, avec des systèmes de vents pas forcement favorables, au devant d’une météo plus compliquée mélange de zones sans vent (anticyclones) et de tempêtes (dépressions).

L’équipage d’Angélus se compose donc du Capitaine Antoine, Cyrille et d’Arnaud !

Dernier café avec nos amis de ‘Coco Jet III’, avec qui Angélus a passé le dernier mois ; Nicolas, Adélaïde et leurs enfants vont accueillir Géraldine et les enfants sur leur grand Outremer 55 après notre départ en attendant leur avion.

Les moteurs ont été révisés, les bagues des safrans changées, le greement vérifié et la carène carénée ; les pleins en nourriture, d’eau et de carburant sont faits : on est fin prêts.

Depuis 2 jours nous attendons maintenant une fenêtre météo favorable, et ça y est !

Escorte d'annexe pour un dernier au-revoir (tandis que Nicolas –dans le fond- essaye de rivaliser en planche avec la vitesse d’Angélus)

Les garçons quand à eux nous accompagnent sur quelques miles à bord du trimaran de course ‘Occéanus’ de nos amis portugais.

Dernier au-revoir : à dans un mois les p’tits loups!

Vendredi 22 mai

Direction nord 30°, avec un vent de 12-16 nœuds est juste comme il faut pour avancer sans forcer.

Comme d’habitude, il faut reprendre ses marques dans un environnement qui bouge sans cesse, au milieu d'un espace confiné, avec un entourage omniprésent.

Mais sur Angélus, ça à l’air de plutôt bien se passer !

Samedi 23 mai

00 :00 : changement de quart

Antoine arrive pour remplacer Cyrille et entonne gaiement : ‘Joyeux Anniversaire’ !

Pour l’occasion, on débouchera même une bouteille de ‘Ventoux’ !

Le pain et le crumble sont faits maison, enfin, bateau par Arnaud. Sympa !

Dimanche 24 mai

Après deux heures d’effort contre un poisson enragé et des sargasses –des algues- qui nous alourdissent la ligne, l’énorme ‘Tazar’ est enfin sur le jupe arrière !

Il nous alimentera pour les trois prochains jours, rivalisant de ‘sevitche’ –poisson cru dans un jus de citron-, de ‘colombo de Baltazar’ –pot au feu de poisson- et autres mets guidés par l’inspiration du moment.

Lundi 25 mai

Localement le vent baisse fortement, mais la météo prévoit un gros coup de vent pour les jours à venir. Il nous faut donc nous positionner afin de ne pas se retrouver au cœur de front. On arrête de monter vers le nord, et cap plein est au moteur.

En attendant le coup de tabac, on se teste au ski-nautique.

Dixit Cyrille : ‘La vérité….glou-gloug-glou….ça marche….glou glou glou….au top’

Mardi 26 mai

Au petit matin, ça se sent : la pression monte, l’atmosphère est chargé, le gros temps arrive.

Pas besoin d’être météorologue pour comprendre ce qui nous arrive dessus

Alors on se prépare : on sort les équipements de sécurité, on range tout ce qui peut ‘valdinguer dans les coffres ; enfin on aurait dû. Mais comme sur un catamaran ‘rien ne bouge’, en fait on ne range rien à l’intérieur du bateau. Mal nous en a pris…

Surtout, on réduit la voile. Dans le jargon, on ‘prend un ris’. D’emblé, on en prend deux.

Mercredi 27 mai

Comme on avance avec un angle serré au vent le bateau prend chacune des vagues quasiment de face. Et on ne parle pas de ‘vagounette’ là, mais bien de vagues d’océan de 3 m de haut. Imaginez être sur un bouchon de plastique de 8 tonnes qui tombe de 3 m de haut brutalement toutes les 20 secondes, le tout dans un crachin gris et des hurlements de vent.

Alors on encaisse.

Et notre pauvre Angélus aussi.

Mais c’est éprouvant.

Il fait tellement gris que le panneau solaire ne recharge plus les batteries, et comme on a une petite voie d’eau dans les cales moteurs, on n’hésite à les démarrer. Donc on n’a plus trop d’énergie pour alimenter le pilote automatique, les lumières…bref, on ‘survit’ un peu quoi. Entre chaque quart, on se repose dans le carré transformé en camp retranché.

Vendredi 28 mai

Enfin, au matin de ce vendredi, pour la première fois depuis 2 jours on voit un peu de soleil et de ciel bleu.

Le vent se calme peu à peu : on peut enfin souffler un peu !

Il faut ranger le bateau et surtout bien re-armer le matériel de sécurité car avec cette météo variable, tout peut arriver.

Puis enfin c’est au tour de l’équipage de pouvoir pendre une douche, se reposer et apprécier un petit apéro par coucher sur un coucher de soleil incroyable.

Il n’y a pas à dire, ça klaxonne quand même…

Samedi 30 mai

La vie a repris son cours tranquille sur Angélus, par bonne brise et bonne mer qui continue de nous emmener vers le nord.

Entre deux débats animés sur des thèmes aussi variés que l’origine de la Bible ou le problème des requins à la Réunion, le gros de la discussion passe sur le déchiffrage des fichiers météos : pour le moment on monte vers le nord, mais il va bien falloir aller aussi vers l’est quand même à un moment. Pour ça on attend de ‘prendre le virage’ de l’anticyclone des Acores qui ferra, en gros, que vent soufflera dans la bonne direction. Mais cette année, ce fameux anticyclone est bien capricieux, et refuse tout simplement de s’installer.

En attendant, on se fait de nouveaux copains !

Lundi 1er juin

L’anticyclone des Acores s’est enfin installé. Il était temps ; sinon on allait se retrouver au Groenland avant de pouvoir virer à l’est.

L’anticyclone des Acores, c’est comme un gros stade d’athlétisme au beau milieu de l’océan Atlantique, autour duquel on ne peu que tourner dans le sens des aiguilles d’une montre poussé par le vent, avec au milieu pas de vent du tout.

On est positionné en bas à gauche (au niveau du départ du 200m), sachant que les Acores sont sachant en haut à droite (au départ du 110 m haie). Du coup deux options se profilent alors: soit prendre le virage puis toute la ligne, avec l’avantage d’avoir du vent mais comme on est déjà bien au nord avec l’inconvénient de flirter sur la ligne des dépressions, soit de couper au moteur par le centre (quitte à rejoindre la ligne au niveau du saut en hauteur).

Nos prévisions météo annoncent une dépression dans les jours à venir.

Alors sans hésiter, on décide de couper au travers de l’anticyclone au moteur.

C’est impressionnant.

La mer est d’huile, sans une ride, sans un souffle de vent, lisse comme un lac.

Sans moteur, Angélus n’avance pas d’un poil. On en profite pour se re-baigner sous l’œil avisé du skipper qui veille au requin quand même.

C’est calme, très calme..trop calme ?

C’est l’occasion ou jamais pour envoyer du kilo-son et tester les pleines capacités de notre petit sound-système.

‘Tou lou lou tout tout’…Prodigy en plein milieu de l’Atlantique, si c’est pas magique quand même ! Pas tous les jours que les dauphins ont droit à une mini-rave party !

Mardi 2 juin

Dans ce grand calme, soudain un cri se fait entendre du poste de bronz…heu.. de veille:

‘Bouée droit devant’

Il nous faut quelque seconde pour comprendre qu’Arnaud ne fait pas une blague.

Qu’est-ce que cette petite balise fait là ??

On ne saura sans doute jamais…

Mercredi 4 juin

Toujours dans l’œil de l’anticyclone ; c’est que c’est grand un anticyclone…

Le capitaine reste songeur…certes localement, c’est très très calme…mais ces nuages à l’horizon ne présage rien de bon…

Vendredi 5 juin

Ayant bien avancé au nord-est, on ‘prend la ligne’ et on a finalement retrouvé du vent hier. Une fois de plus la situation s’inverse complètement.

On est juste sous une dépression, le vent monte fort, la mer se lève de nouveau avec des énormes vagues. Heureusement au ‘portant’, c’est-à-dire poussé par le vent, il n’y a plus cet effet ‘ressort sur le vague’, puisqu’on est poussé.

Le temps n’est pas aussi moche non plus ; mais ça reste impressionnant

Dimanche 7 juin

La dépression n’a duré que 24 heures cette fois, suivie de nouveau pas une journée de bon vent, et ça retombe…

18 jours qu’on est parti, on passe sous la barre des 300 miles ou 600 km – sur les 4600 km qu’il y avait à faire - , les journées s’enchainent entre les quarts, les siestes et les repas, mais même hors du temps, on a envie d’arriver quand même…

C’est chouette vos apéros sur coucher de soleil les gars…mais ma femme et mes enfants me manquent quand même…

Lundi 8 juin

11 du matin: Terre en vue !

Mais il faudra encore lutter contre le vent de face et de la mer pendant dix heurs avant de mouiller dans le port d’Horta !

Angélus à quai sur le port de Horta, escale mythique lors des transat de retour des Antilles, en témoigne tous les ‘blaz’ ou petites peintures de chaque équipage qui a réussi à passer de ce côté-ci de la dorsale Atlantique.

St Martin - Horta 2310 milles


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