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El Hierro-Sal: extraits de journal de bord

Mercredi 29 octobre, 9h30

Nous quittons le port de La Rastinga, au sud d’El Hierro. Direction l’île de Sal au Cap Vert, 708 MN d’après MaxSea.

Nous partons en même temps que Rio Bravo, famille rochelaise qui navigue sur un RM 12,60 et se dirige vers Mindelo (île de Sao Vicente à l’ouest de l’archipel du Cap Vert).

Une fois l’excitation du départ passée, il faut reprendre le rythme des quarts, le rythme de la vie en mer. Nous sommes surpris à chaque fois : bien que nous vivions à bord d’Angélus, il faut sans cesse se réamariner.

Les conditions sont bonnes, un vent de Nord Est oscille entre 10 et 18 nœuds, la mer est belle, l’allure confortable, avec un ris et le génois déroulé.

13h : La salade de pois chiches avalée, Félicie couchée, Tonio s’apprête à aller prendre son tour de sieste lorsqu’après un dernier tour d’horizon aux jumelles, on l’entend s’écrier :

« Rio Bravo a envoyé son spi !! » Piqué au vif notre capitaine….les garçons, trop contents, sautent sur l’occasion pour s’empresser d’aller préparer le nôtre à l’avant, sous l’œil vigilant de leur père.

17h : point VHF avec Rio Bravo, Basile expérimente la bataille navale par VHF avec Jeanne. Un immense banc de dauphins joue avec les étraves pendant plus d’une demi-heure.

18h30 : dîner. 19h : la nuit est tombée, il est temps de lancer les quarts, voilà notre planning :

-19h-22h : GG, avec en soutien Basile jusqu’à 21h30 (et parfois Théophile)

-22h-01h : Tonio

-01h-04h : GG

-04h-07h : Tonio, avec Jacques en soutien à partir de 06h

-07-09h : GG et souvent Félicie, avec Jacques

Jeudi 30 octobre, 03h :

Le vent tombe complètement, on ne tient plus le cap. On affale donc le spi et on met en route l’un des moteurs…

9h30 : point VHF avec rio Bravo. 116 MN parcourus en 24h, on fait le point sur la carte papier. Un peu de lecture avec Jacques. Une grande houle inconfortable s’installe, difficile de s’amariner. Révision des tables de multiplication pour Théophile puis Basile : laborieux !!!!

Mais bon, on a décidé de se « mettre en vacances de la Toussaint » pendant la traversée….

La journée se passe calmement, « anticyclonique ». L’automne s’invite au menu du soir, avec une purée maison de potiron, pommes de terre et carottes à l’huile d’olive du Canadel, un vrai délice…. Et une compote de pommes-poires pour Félicie, ça sent Montfarville dans tout le bateau !

Jacques nous impressionne en se mettant à lire seul les petites livres d’histoire de Félicie, genre Petit Ours Brun.

On a fait cet après-midi une séance de gym, ce n’était pas triste !

Côté pêche, toujours rien…on a pourtant mis 2 lignes à l’eau de 8h à 20h…c’est d’autant plus déprimant que la vacation du soir avec Rio Bravo nous apprend qu’ils en sont eux à leur 2ème dorade coryphène de la journée !

Vendredi 31 octobre, 01h :

Je prends mon quart dans une nuit noire…la lune est déjà partie voir ailleurs…une émanation de pots d’échappement des moteurs m’envoie des relents de « périph’ parisien à 18h »…. pas top en plein océan ! Vivement que le vent monte, comme nous l’assurent les prévisions météo.

Le bon côté du moteur, c’est que l’avant du bateau est complètement dégagé, la veille en est facilitée, et surtout on a une vue imprenable sur le firmament étoilé….quel dommage de ne rien y connaitre en astronomie…je n’ai jamais vu des étoiles accrochées aussi bas sur l’horizon…

07h : le vent est monté à 8-10 nœuds, Jacques et Tonio hissent la GV, on enchaîne avec le spi pendant que le soleil se lève, et on arrête les moteurs, youpi ! Après 28h…il était temps ! On a fait 228 MN depuis que nous sommes partis.

09h : on a une touche !!! Mais le temps de la relever….le poisson s’est enfui, dommage. On suit les conseils de Jeanne donnés par VHF à la lettre, et on ne se démotive pas.

10h30 : une dorade coryphène !!!!!!!!!!!!!!!!! Rapidement suivie de 2 autres, dont l’une mesure plus de 50 cm. On n’est pas peu fiers. On prépare les filets et on les garde pour demain (Toussaint).

Basile se met en cuisine et nous concocte un gâteau au yaourt et à la poire.

Dans l’après-midi, on se rend compte que nous ne sommes plus à portée VHF de Rio Bravo, qui nous a largement distancés. Dommage pour les parties de bataille navale, heureusement nous pourrons toujours échanger mutuellement nos positions par SMS gratuits entre téléphones Iridium.

Un peu d’anglais pour les garçons. La pêche et le vidage des poissons nous occupent bien. Ce soir, un oiseau de grande envergure s’installe sur notre gréement, passant sans arrêt du mat au haut de la voile.

Le vent forcit, nous prenons un ris pour la nuit, et c’est parti pour des surfs à 8-9 nœuds avec 20 nœuds de vent ! Les quarts s’enchainent mais la fatigue commence à se faire sentir…

Samedi 1er novembre, 9h30 : 378 MN parcourus, soit plus de la moitié.

Après un souci avec l’AIS, qui semble s’être résorbé, c’est à présent le système de charge des batteries qui préoccupe Antoine…

Ceci dit, ce n’est pas nouveau, depuis que nous avons acheté le bateau j’entends toujours le même discours... ! On a pourtant changé toutes les batteries ainsi que le chargeur….serait-ce donc les panneaux solaires ? Au moins lorsque Fix était là, il rassurait Tonio en se moquant gentiment de lui, et en faisant mine de chercher avec lui d’où venait le problème. Mais là, avec en plus la fatigue, c’est la cata !!! Et comme moi aussi je fatigue…l’ambiance est un peu électrique à bord !

DImanche 2 novembre, 9h : 536 MN parcourus.

La nuit a été houleuse et bruyante, difficile de dormir entre deux quarts. Enfin, après un grand bord de largue au Sud-Ouest de 60MN, on a fini par empanner, et là, bonne surprise : nous pouvons enfin faire route direct sur Sal, cap au 185°, au grand largue à la vitesse de 6,5 nœuds enmoyenne.

Voilà qui remonte un peu le moral des troupes après la déconvenue d’hier soir : nos échanges de textos par Iridium avec Océanus (parti plus de 24h après nous) nous apprennent qu’ils nous ont rattrapé et font route direct sur Sal…

10h : on a parcouru 536 MN. Texto de Rio Bravo : « Vous nous avez confondu avec Oceanus ! »

Quelle méprise ! Nous qui avons passé la nuit à ronchonner contre Angélus qui n’avançait pas et ne descendait pas au portant…. Nous sommes bien rassurés et rions de notre confusion!

19h45 : deux poissons volants sur le pont !

Lundi 3 novembre, quart de 1h à 4h

Après être monté à près de 26 nœuds dans la soirée, le vent est retombé, il oscille maintenant entre 16 et 19 nœuds. Par contre, la houle est toujours forte et fait un raffut d’enfer à l’intérieur. Quand on pense qu’on a fait 28h de moteur avec une vraie pétole !

Là, on en a tous un peu assez d’être remué dans tous les sens sans aucune logique ni rythme, assez de ce vacarme assourdissant qui nous oblige à hurler pour échanger le moindre mot : entre l’aspiration du vent sous la casquette, les 2 sillages et surtout les vagues qui tapent, cognent, explosent sous la nacelle, passent d’une coque à l’autre, provoquant des mouvements incontrôlés et des bruits assez violents….

2h15 : un troisième puis un quatrième poisson volant viennent finir leur course sur le pont, au milieu des écoutes…je ne suis pas sûre qu’ils étaient encore très en forme lorsque j’ai enfin réussi à les remettre à l’eau avec le bout de la gaffe….malheureux poissons volants aux beaux reflets bleutés avec vos fines ailes de libellule, restez dans votre océan, la vie à bord d’Angélus n’est pas faite pour vous !

Les milles défilent et pourtant, on aimerait qu’ils filent plus vite encore afin de nous épargner une arrivée de nuit sur Sal. Heure estimative d’arrivée pour l’instant : entre 22h et minuit.

Nous filons dans la nuit étoilée, la lune est presque pleine, c’est magnifique !

7h30 : Le jour se lève sur une mer grise et un ciel bas, encore 23 nœuds de vent et cette houle toujours…Où est le soleil d’Afrique ?!!

On a du mal à croire que nous sommes quasiment à la latitude du Sénégal ….pantalon de ciré, gros sweat, ciel gris et rafales de vent : ça fait plutôt Manche ou Gascogne tout ça !

Aujourd’hui c’est la rentrée pour tous les écoliers français. Au programme ce matin sur Angélus : couture ! Chacun y va de son petit ouvrage, un véritable atelier : drapeau du Sénégal, broderie, pochette…tant pis pour les maths et le français, la rentrée sur Angélus se fait avec une aiguille à la main !

Cette dernière journée passe incroyablement vite. On y prend goût à la vie en mer !

C’est ainsi que sans s’en apercevoir, nous parcourons les 100 derniers milles…la preuve est faite : il faut bien 5 jours pour être vraiment amarinés !

1h00 du matin : nous voilà bien accrochés (sans doute un caillou !) au mouillage dans la baie de Palmeira sur l’île de Sal, après 5 jours et 15h de nav’ et 775 MN parcourus.

Mardi 4 novembre : réveil en Afrique !

Tout le monde est un peu fatigué mais bien content d’être arrivé.

SMS à nos familles grâce à l’Iridium, et petit déjeuner au milieu des autres bateaux au mouillage.

On reprend nos esprits tranquillement, il faut un peu de temps pour se refaire à la vie « normale » !

On se met en route pour débarquer et aller faire les formalités d’entrée dans le pays.


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